A propos de la circoncision et des droits de l'enfant

Nous sommes le (depuis hier soir jusqu'au coucher du soleil de ce soir

Dans un article intitulé "Excision, circoncision : le pouvoir des hommes sur l’enfant", d'Octobre 2009, Mr Jean-Pierre Rosenczveig, Président du tribunal pour enfants de Bobigny fait le point sur les mutilations génitales chez l'enfant.
http://jprosen.blog.lemonde.fr/category/circoncision/

Concernant la Brit Milah il écrit:

"A destination de ceux qui pourraient pu être choqués que j’ai inclus la circoncision dans la liste des mutilations sexuelles condamnables je préciserai que je n’ignore pas que les conséquences sur le plan de la sexualité sont d’évidence différentes. De même il est acquis que la circoncision a pu s’imposer dans le passé ou peut encore être nécessaire pour des raisons médicales, mais pour la majorité des cas désormais il n’en est rien : hors ces rares cas justifiés par la Faculté, elle répond au souci des parents de « marquer » religieusement leur enfant. En vérité, elle ne répond pas aux besoins de l’enfant, mais à l’intérêt bien compris des adultes et ce point de vue entre dans l’épure prévue par la Convention internationale sur les droits de l’enfant.
Il serait temps d’avoir un débat public sur ce sujet pour ne pas balayer que devant la porte des autres. "

Le blog de JPR ne laissant pas ouvert la porte au débat public auquel il appelle, et n'ayant pas reçu de réponse au courrier que j'ai commis, je me permets dans ces lignes d'oser une réponse à ces remarques.

Est il acquis que la circoncision a pu s’imposer dans le passé pour des raisons médicales?
Rien n'est moins sûr.
La circoncision était déja dans les rayons bien avant que Pasteur n'inaugure l'ère microbiologiste. Elle était même déja contestée par des auteurs grecs et latins.
Les notions d'hygiène et de santé ne sont venues que plus tard, lorsqu'on on a su apprécier médicalement ce qu'était une gonorrhée, une syphillis, puis telle ou telle autre affection virale en vogue.
Mais là n'est pas mon propos.

Nous juifs n'avons pas vocation ni à convertir l'Humanité, ni à lui imposer des commandements que D.ieu ne lui a pas imposés.
A l'approche de 'Hannoucah 5770, une amie a porté à ma connaissance un point de vue sur la circoncision de Mr JPR.
'Hannoucah vient nous rappeler la victoire des tenants de la tradition juive sur les tenants de l'héllenisme.
Les grecs, non contents d'une suprématie militaire et de la mise au pas des dirigeants juifs avaient voulu imposer leur vision du monde, et leurs divinités plurielles sorties d'un mythique parc d'attraction. Tout lien avec le D.ieu d'Israël devait être réévalué à l'aune des censeurs updatés par l'idéologie triomphante.
Point de Brit Milah, de Chabbath, de Culte à l'attention d'un D.ieu que l'on ne savait mesurer ou qui n'aurait pas cité dans le who is who des divinités grecques.
Parmi les ennemis du Peuple Juif et de sa religion, certains ont prétendu que D.ieu s'est détourné de nous. Ils ont pourtant la même Bible que nous, mais en ont une lecture iconoclaste.
D'autres, venus 2500 ans après le Don de la Torah, se sont gonflés de l'idée que nous n'y avons rien compris, que nous avons pollué la Révélation initiale, et que eux seuls en sont détenteurs.
Maïmonide a déja donné appréciation de ces deux hérésies.
La déviance grecque, elle, nie toute Révélation, toute Divinité qui ne se serait pas enregistrée au préalable auprès des fonctionnaires des services du culte.
Vint une autre attaque.
Une raison suprême, un culte de valeurs certes bonnes, mais épurées de ses origines divines.
C'est au nom de telles valeurs que l'on nous attaque aujourd'hui.
Des paroles de Professeur Tournesol érigées en vérité absolue, des découvertes de Dr Jekyll devenant pierre angulaire de la société, des apppréciations d'une morale à géométrie variable faites origine éternelle de la conduite du moment.
La chehita, dont tous reconnaissent le caractère avantageux pour le respect des animaux, est donc attaquée au nom du bien être animal, par des gens qui l'ont ignoré trois millénaires durant.
La Brit Milah est pointée du doigt, au nom des droits des enfants, par des gens qui viennent de découvrir que les enfants sont des êtres vivants à protéger, après les avoir avortés, massacrés, élevés en chair à canon.

Que reproche-t-on aux parents circonciseurs?

La douleur de l'acte de circoncision?
De mutiler leurs enfants?
De nuire à leur santé?
De contrevenir aux dispositions de la loi?
De vouloir imprimer à leurs enfants les stigmates d'une éducation millénaire et qui a fait ses preuves?

La douleur.

Vrai, l'enfant ressent quelque chose. Vrai, on peut parler de douleurs.
Vrai, ces manifestations sont variables d'un Mohel à l'autre, et chez le même Mohel, d'un enfant à l'autre. Elles dépendent de l'âge du nourrisson, des circonstances festives et bruyantes accompagnant l'acte, des solutions proposées par la tradition locale pour calmer l'enfant, depuis les gouttes d'alcool de figue, le vin, l'eau de fleur d'oranger, ou simplement l'eau (très) sucrée proposée par un assistant. Sans compter les innovations médicales comme l'injection anesthésique locale, au reste fort douloureuse, la pommade anesthésique, quelques gouttes d'un sédatif, ou plus prosaïquement le paracétamol, toutes choses dont je suis loin d'être fan.
Parce qu'une intervention de 60 à 90 secondes ne mérite pas qu'on la médicalise.
Parce qu'une douleur que l'on peut calmer en quelques instants par un biberon dans les bras de maman ne justifie pas le recours à la manière forte.

Mais qui sait parler de douleurs chez l'enfant, le nourrisson?
Monsieur le Juge, êtes vous déja rentrés dans une pouponnerie où l'on change les bébés? Avez vous assisté aux vaccinations du petit dernier? Ou même simplement à son examen par un médecin connu ou inconnu de lui?
Et par ailleurs, qui sait quantifier et même qualifier la douleur d'un nourrisson?
Les rares études et scénarios catastrophes publiés sur le sujet ont traité de circoncisions made in hopital nord américain, où la durée et le protocole de circoncision n'ont rien à voir avec notre travail. Avez vous assisté à une circoncision à l'américaine faite dans un hopital. Prenez un chronomètre et allez voir http://video.yahoo.com/watch/352478 (retiré du site?)
http://video.yahoo.com/watch/4813345/12842144
http://video.yahoo.com/watch/8335525/22265396
http://video.yahoo.com/watch/8367795/22385556
http://video.yahoo.com/watch/5927895/15429094

Rien à voir avec une circoncision rituelle effectuée par un mohel entrainé. Chronomètre en mains, nous Mohel prétendons faire mieux..

Une mutilation?

Quand au mot "mutilation" utilisé dans cet entretien, je suppose que vous lui accordez le même sens symbolique que celui de "castration" et de "meurtre" si cher à nos psychotrucs qui en affublent combien de paisibles gens qui n'ont jamais tué une mouche.
Vous êtes certainement influencé, par l'abondante littérature qui inonde les media électroniques sur les "méfaits" de la circoncision.
On y trouve plus à vomir qu'à boire et à manger, tant les témoignages sont faussés, dirigés, exclusifs.
Sous la plume de ces psychotrucs, on lit notamment " Des hommes sous hypnose se sont remémoré les détails de l’opération. Ils exprimèrent de la colère, un désir de vengeance et de destruction à l’égard de ceux qui ont participé à leur mutilation".
Ce sont certainement les mêmes qui ont fait remonter des souvenirs d'inceste et de viols familiaux n'ayant jamais existé. Tout magistrat est prévenu de ces phénomènes…

Ils admettent d'ailleurs ne pas pratiquer une science exacte, ce qui est fort dommage lorsqu'on prétend asséner des vérités ex cathedra.

Le plus curieux c'est que ceux qui s'obstinent à parler de "mutilation" le font aujourd'hui au nom d'une sexualité mesurée aux cm² de prépuce, au nom d'une physiologie et d'une histologie interprétative, agitant des notions qui sont du domaine exclusif d'un vécu non mesurable, du cérébral à l'état pur.
Avez vous lu cette lettre de Mme F., Présidente de l' Association Nationale des Médecins de Protection Maternelle et Infantile http://milah.fr/BMexcis.htm. qui décrit amplement la différence entre l'excision, qui est vraiment une mutilation aux conséquences répertoriées sur la santé de la femme, et la circoncision.

Avez vous noté que la première étude contemporaine sur la sexualité (le Rapport Kinsey) ne pipe pas un mot sur la circoncision, pas plus que l' étude de Masters et Johnson. Des gens comme les autres apparemment.

Pensez vous vraiment que 600 millions d'hommes de par le monde seraient des "mutilés sexuels"?
Pensez vous vraiment que Spinoza, Freud, Montefiore, les frères Pereire, Benjamin Disraeli, Mendelsohn, Marx, Trotski, Rothschild, Herzl, Einstein, Léon Blum, Mendes France, Raymond Aron, Chagall, Yehudi Menuhin, René Cassin, Serge Gainsburg, … (pour ne citer que quelques icônes de notre culture…), les mâles de la famille royale anglaise, divers présidents américains, bon nombre de prix Nobel étaient des types handicapés par leur circoncision? Une belle réussite en tout cas, au regard de leur ascension sociale.
Pensez vous que depuis 3700 ans que nous pratiquons la Brit Milah personne n'en aurait parlé pour en dénoncer la "mutilation fonctionnelle"? Ne pensez-vous pas que les alcôves se seraient passé le message depuis longtemps, avant la mode des témoignages pipés sur Internet?
Vous savez, Monsieur le Juge, que de tous les procès intentés en France ces dernières années pour circoncision sur mineur, la qualification de mutilation n'a jamais été retenue?
Vous noterez que je ne vous ai pas servi sur les "bienfaits de la circoncision sur la santé" car je sais que ce n'est pas du tout le sujet, et c'est un bonus qui n'est pas à l'ordre du jour.

De nuire à sa santé?

Le paragraphe 3 de l'Article 2' de la Convention prévoit que "Les Etats parties prennent toutes les mesures efficaces appropriées en vue d’abolir les pratiques traditionnelles préjudiciables à la santé des enfants"
Ce n'est pas en chevauchant cet article que l'on gagnera une guerre contre la circoncision! Au contraire.
On peut,imaginer qu'un jour, sous certains climats aux moeurs chaudes, on encouragera la circoncision au point qu'elle pourrait être rendue obligatoire, comme les vaccinations de bébé et les divers examens sérologiques prénuptiaux d'antan, toujours d'usage chez les femmes enceintes. Que diriez vous d'instaurer à nouveau l'obligation d'une radio pulmonaire à toutes les femmes pregnantes?
Une idée de Pr Tournesol je vous entends murmurer? Oui, comme celle qui m'a couté il y a fort longtemps une paire d'amygdales. Vais je gagner un procès comme victime d'une pratique traditionnelle préjudiciable à la santé des enfants?
Paradoxalement, à l'heure où JPR écrit " hors ces rares cas justifiés par la Faculté", nous sommes inondés de nouvelles études qui prouveraient que la circoncision préviendrait quelques 60% des infections à VIH. Seuls ceux qui sont sûrs que leur poupon d'aujourd'hui ne vivra pas demain dans des conditions à risque devraient se hasarder à le priver de cette parade. Do you?

De contrevenir aux dispositions de la loi?

La Convention internationale sur les droits de l’enfant du 20 novembre 1989 n'a pas force de loi pour le citoyen lambda.
Elle prévoit dans son article 14 le droit de l'enfant à la liberté de pensée, de conscience et de religion, le droit et le devoir des parents de guider celui-ci dans l'exercice de ce droit, et enfin "La liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut être soumise qu'aux seules restrictions qui sont prescrites par la loi et qui sont nécessaires pour préserver la sûreté publique, l'ordre public, la santé et la moralité publiques, ou les libertés et droits fondamentaux d'autrui".
La pratique de la circoncision ne met pas en danger la sûreté publique, l'ordre public, la santé et la moralité publiques, ou les libertés et droits fondamentaux d'autrui, donc aucune restriction ne saurait être apportée " pour préserver la sûreté publique etc…"

L'exemple suédois?

Mue par une forte pression en faveur des droits des enfants, et sous le choc de quelques accidents de circoncision, la Suède s'est dotée d'une loi réglementant la pratique de la circoncision.
On y trouve en vrac l'obligation d'avoir recours à un médecin (deux accidents étaient liés à des actes pratiqués par des médecins!) ou à un praticien agréé par les instances sanitaires sur proposition de leurs communautés respectives.
On y trouve l'obligation d'anesthésie (il y avait un accident d'anesthésie dans les attendus ayant amené à légiférer!), ou d'analgésie (c'est les suédois qui ont inventé la meilleure crème d'anesthésie locale, contre indiquée chez le nouveau né!). Un bilan de la loi qui devait être pratiqué après 4 années d'application n'a jamais été entrepris.
De beaux esprits se sont fait plaisir, ou bonne conscience, en faisant voter une loi, (qui a le mérite de donner un cadre juridique à la circoncision rituelle) sans s'inquiéter de la réalité des choses. Prosit!

Fichtre!

La circoncision ne nuit pas à la santé des enfants, ni aux adultes qu'ils deviendront. Ellle ne les empechera pas de devenir Président américain, Ministre français, députés européens, nobélisables, magistrats, scientifique de renom, journalistes ou boxeurs. Ni même ennemi de la circoncision!

Un choix d'éducation.

Nous reproche-t-on de vouloir imprimer à leur enfant les stigmates d'une éducation millénaire et qui a fait ses preuves?
La circoncision correspond effectivement au choix des parents.
Ce n'est pas un choix aussi léger que la décision de lui poser des boucles d'oreille, lui autoriser un tatouage ou autre piercing.

N'est il pas paradoxal de proposer une lecture de la circoncision comme "asseoir la domination (…..) du groupe sur l’individu." et dans le même temps en limiter la pratique, au même titre ?

Est il envisageable de restreinde la circoncision dans l'hexagone, où elle est pratiquée sans entrave depuis plus de deux mille ans?
Alors qu'elle est pratiquée par plus du quart de l'humanité, et qu'elle est prônée depuis des décades en Amérique du Nord?
Peut on prétexter la protection des enfants alors que nous avons un Président de la République dont le petit fils a été circoncis, et peut être même d'autres proches de grands personnages de l'Etat?
La seule fois où elle fut interdite en France, c'était pendant l'Occupation. En Russie, ce fut durant la longue période soviétique.

Faisons confiance à nos dirigeants, et à Celui qui les guide pour maintenir dans pays libres la liberté de Culte.
La Brit Milah est enseignée dans la Torah comme une Alliance éternelle avec un D.ieu Eternel.

contacter Aharon Altabé
www.milah.fr ----- Mise à jour