Mutilé, moi?

Nous sommes le (depuis hier soir jusqu'au coucher du soleil de ce soir

Cher papa,

Je suis surpris de vous entendre parler de "mutilation" à propos de la circoncision de votre fils, dont m'a parlé mon ami Mohel.
Tout d'abord parce que vous étiez présent lors de la visite préparatrice à la circoncision.
Et aussi parce que vous saviez avant de choisir Mlle Z qu'elle est juive, et attachée à un minimum de la pratique juive, au point qu'elle vous avait parlé de circoncision lorsque vous vous êtes choisis.
Il est vrai que les promesses d'un Don Juan sont toujours à relativiser.

Quand au mot "mutilation" que vous avez utilisé dans cet entretien, je suppose que vous lui accordez le même sens symbolique que celui de "castration" et de "meurtre" si cher à nos psychotrucs qui en affublent combien de paisibles gens qui n'ont jamais tué une mouche.
Vous êtes certainement influencé, et votre langage le montre, par l'abondante littérature qui inonde les media électroniques sur les "méfaits" de la circoncision.
On y trouve plus à vomir qu'à boire et à manger, tant les témoignages sont faussés, dirigés, exclusifs.
Sous la plume de ces psychotrucs, on lit notamment " Des hommes sous hypnose se sont remémoré les détails de l’opération. Ils exprimèrent de la colère, un désir de vengeance et de destruction à l’égard de ceux qui ont participé à leur mutilation".
Ce sont certainement les mêmes "thérapeutes" qui ont fait remonter des souvenirs d'inceste et de viols familiaux n'ayant jamais existé

Ils admettent d'ailleurs ne pas pratiquer une science exacte, ce qui est fort dommage lorsqu'on prétend asséner des vérités ex cathedra.

Le plus curieux c'est que ceux qui s'obstinent à parler de "mutilation" le font aujourd'hui au nom d'une sexualité mesurée aux cm² de prépuce, au nom d'une physiologie et d'une histologie interprétative, agitant des notions qui sont du domaine exclusif d'un vécu non mesurable, du cérébral à l'état pur.
Avez vous lu cette lettre de Mme F., Présidente de l' Association Nationale des Médecins de Protection Maternelle et Infantile http://milah.fr/BMexcis.htm. qui décrit amplement la différence entre l'excision, qui est vraiment une mutilation aux conséquences répertoriées sur la santé de la femme, et la circoncision?

Avez vous noté que la première étude contemporaine sur la sexualité (le Rapport Kinsey) ne pipe pas un mot sur la circoncision, pas plus que l' étude de Masters et Johnson. Des gens comme les autres apparemment.

Pensez vous vraiment que 600 millions d'hommes de par le monde seraient des "mutilés sexuels"?
Pensez vous vraiment que Spinoza, Freud, Montefiore, les frères Pereire, Benjamin Disraeli, Mendelsohn, Marx, Trotski, Rothschild, Herzl, Einstein, Léon Blum, Mendes France, Raymond Aron, Chagall, Yehudi Menuhin, René Cassin, Serge Gainsburg, … (pour ne citer que quelques icônes de notre culture…), les mâles de la famille royale anglaise, divers présidents américains, bon nombre de prix Nobel étaient des types handicapés par leur circoncision? Une belle réussite en tout cas, au regard de leur ascension sociale. Vous devriez être fier que votre fils ait rejoint tant de pointures malgré vous, même s'il vous ressemble un peu moins. Mais ira-t-il chercher une ressemblance si bas… Freud (et d'autres sus nommés) se fichait tant de ce souci de ressemblance, qu'il n'a pas fait circoncire son fils.
Pensez vous que depuis 3700 ans que nous pratiquons la Brit Milah personne n'en aurait parlé pour en dénoncer la "mutilation fonctionnelle"? Ne pensez vous pas que les alcôves se seraient passé le message depuis longtemps, avant la mode des témoignages pipés sur Internet?
Savez vous que de tous les procès intentés en France ces dernières années pour circoncision sur mineur, la qualification de mutilation n'a jamais été retenue?

Vous noterez que je ne vous ai pas servi sur les "bienfaits de la circoncision sur la santé" car je sais que ce n'est pas du tout le sujet, et c'est un bonus dont vous n'avez cure..

Il vous reste la qualification "d'opération à visée non médicale pratiquée sans l'autorisation du papa", mais c'est déjà dans un autre registre, qui pourrait à la limite rejoindre les piercings et tatouages sur mineurs.
Ou à chercher querelle à demoiselle Z. ailleurs qu'autour de la peau de ce bambin.

contacter Aharon Altabé
www.milah.fr ----- Mise à jour