Extrait de Brit Kehounah Hachalem,

(Série: Recueil des Coutumes de Tunisie)
Recueil des coutumes de l'Ile de Djerba
Par le Rav Moché Khalfon Cohen (5634-5710)

Traduction: Aharon

10 Milah: Notre usage ici est que celui qui veut exercer la circoncision doit faire son apprentissage auprès d'un maître expert et lorsque celui ci voit qu'il a pratiqué trois circoncisions (Milah et Periah) il lui donne une attestation de sa pratique. Puis les dayanim de la ville écrivent dans la marge du certificat qu'il est apte à pratiquer la circoncision.
Note du Rav Moché Khalfon Cohen: le Sefer "Choel veNicheal" volume 3 paragraphe 303 a écrit que le Beth Din ou la Communauté peut convenir qu'une partie des circoncisions soit attribuée aux élèves Mohalim avec un Mohel présent pour les diriger, sans que le père puisse s'y opposer. J'ai eu récemment entre les mains un manuscrit portant une telle convention signée par les plus grands Rabbins de Tunis et je l'ai imprimée au début de mon livre "Torah ve'Haïm".

11 Milah: Rabbi Yossef Karo a écrit (Choul'han Aroukh Yoré Déah, 264, 2) "et c'est la meilleure façon que de circoncire avec un instrument de métal, couteau ou ciseau, et l'usage est d'utiliser un couteau". Notre usage est ainsi de couper avec un couteau, et tout Mohel a un couteau apprêté et réservé à la Brit Milah. Il utilise aussi une plaque d'argent appelée Maguen qu'il introduit d'abord, qui permet de séparer le prépuce du gland pour ne pas blesser le gland. Après quoi il coupe avec le couteau, pratique la déchirure de la muqueuse interne (periah) et aspire avec la bouche et non avec un tube ou un appareil. On consultera à ce propose le Sdé 'Hemed, (volume 89 pages 231 à 275, où il est expliqué que la Metsitsah ne doit se faire qu'avec la bouche) et le Zokher HaBrit 12, 29.

12 Milah: Notre usage ici est d'inviter amis et proches la veille de la Brit Milah et le père leur prépare une collation et des boissons, gâteaux et vins etc. Certains préparent un vrai repas pour tous les assistants, et certains invitent en outre dix Sages pour étudier la suite de textes préparés par le 'Hida dans le livre "Kerem 'Hamar" et leur procure un repas complet. Certains préparent encore un repas pour dix Sages et plus dans la journée. Consulter à ce propos le Zokher HaBrit 25 et 3,8 et le Choul'han Aroukh 265, 12.

13 Milah: La veille de la Brit Milah, après avoir chanté des chants et pris une collation, le Baal Brit ou un des Sages lit le paragraphe suivant: Zohar Lekh Lékha 84,2 et suivant. (Depuis: Pata'h 'had veamar achrei tiv'har ....jusqu'à veyaltsou békha ohavei chemekha).
On dit ensuite le Kadich DeRabbanan, on poursuit la collation et l'on chante (...) après quoi chacun rentre chez soi.

14 Milah: Rabbi Yossef Karo a écrit dans le Choul'han Aroukh 265, 1: "le père de l'enfant, ou le Mohel ou un de l'assistance fait la bénédiction sur le vin, et certains ont l'habitude de prendre une branche de myrte de faire la bénédiction des senteurs et de sentir". Nous avons ici l'usage de préparer des épices odoriférantes pilées et de les distribuer à l'assistance. Celui qui a bénit sur le vin commence ensuite la bénédiction "Boré Miné Bessamim" et toute l'assistance prononce ensuite la bénédiction.

15 Milah: Notre usage est de vendre l'honneur de préparer ou tenir les préparatifs et nécessaires de Brit Milah un par un et pour toutes les circoncisions qui auront lieu pour les six mois à venir. Ceci se fait à la grande synagogue les Chabbat qui suivent Pessa'h et Souccoth. Si l'un des appelés est absent lors d'une Brit Milah, sa fonction du jour est alors revendue sur place, mais il garde une priorité s'il arrive entre temps.

16 Milah: Rabbi Moché Isserlès a écrit (Choul'han Aroukh 265, 1):"selon certains toute l'assistance doit se tenir debout lors de la circoncision, ainsi qu'il est dit "tout le peuple se tint dans l'alliance" et c'est ainsi qu'il faut faire, excepté celui qui tient l'enfant". Notre usage est ainsi.

17 Milah: Rabbi Yossef Karo a enseigné (Choul'han Aroukh 265, 1): "on a l'habitude, lorsqu'on dit le verset "bedamaïkh 'hayi" ("vis dans tes sangs") de mettre du vin avec le doigt dans la bouche du petit". Notre usage est de donner trois fois du vin au petit et à chaque fois de répéter "vaomar lakh bedamaïkh 'hayi".

18 Milah: Notre usage ici est qu'après avoir coupé le prépuce on montre le Maguen portant du sang à l'assemblée et on dit " vaomar lakh bedamaïkh 'hayi, vaomar lakh bedamaïkh 'hayi".

19 Milah: Rabbi Yossef Karo a enseigné (Choul'han Aroukh 265, 7): "lorsque le père fait lui-même la circoncision de son fils, il rajoute la bénédiction "chéhé'héyanou", et si c'est un autre qui fait la circoncision, certains pensent qu'il n'y a pas lieu de dire cette bénédiction". Selon le Rambam, le père doit toujours dire cette bénédiction, et l'usage est ainsi en Erets Israël, en Syrie et dans la région, et en Egypte. Rabbi Moché Isserlès a annoté "chez nous il est d'usage de ne pas prononcer cette bénédiction, même lorsque le père circoncit lui-même son fils, si ce n'est dans le cas de son premier né qu'il devra racheter. Il dit alors la bénédiction de Chéhé'héyanou lors de la Brit Milah et non lors du rachat du premier né. Si l'enfant est dispensé de rachat, alors il ne fera pas cette bénédiction".
Notre usage ici est comme l'enseignement du Rambam selon lequel le père doit toujours dire "chéhé'héyanou" et on ne dira pas qu'il comprend la loi autrement ("sevira léi") et en tire qu'il ne faut pas dire cette bénédiction, car il est connu que contre une coutume on ne peut opposer l'argument de "sevira léi".

20 Milah: Notre usage est que le Mohel examine l'enfant la veille de la Brit Milah pour vérifier son état de santé et son aptitude à subir la circoncision. De même le jour de la circoncision il examine l'enfant lors de la circoncision pour vérifier l'absence de contre indication.

21 Milah: Notre usage est de circoncire le matin, comme enseigné par le Choul'han Aroukh 262, 1: "tout le jour est convenable pour la Brit Milah mais les gens zélés s'empressent de faire les Mitsvot et font la circoncision dès le matin".
On consultera le "Pit'héi Techouvah" paragraphe 2, au nom du "Chvout Yaacov": "il faut faire pression sur les chantres qui rallongent la durée de l'office le Chabbat ou les jours de fête jusque après l'heure de midi, lorsqu'il y a un Brit Milah après l'office, car ils empêchent d'accomplir le précepte que les gens zélés s'empressent de faire les Mitsvot".
De même si la Brit Milah n'a pas lieu le huitième jour, on s'efforcera de circoncire le plus tôt possible le matin.
Avant la Milah on dit le verset

"
Vayomer Elokim...: D.ieu dit à Avraham: quant à toi tu garderas mon alliance, toi et ta descendance après toi pour toutes leurs générations".
On entonne les chants "Ye'honen Tsour be'hemlato, jusqu'à Goél biyemekhem, et Moulou vehayeta briti bivsarekhem".
Après quoi le père, ou un autre, apporte l'enfant jusqu'à la chaise qui a été préparée et il dit:
"Zé hakissé léEliahou: ceci est la chaise pour Eliahou"
et l'assistance répond
"zakhour latov: de mémoire bénie".
Le père dit ensuite
"chalom aleikhem la paix soit sur vous "
et l'assistance répond:
"aleikhem chalom sur vous soit la paix "
Le père:
"Beroukhim atem hayochvim vehaomdim Soyez bénis ceux qui sont debout comme ceux qui sont assis"
et l'assistance répond:
"Baroukh haba bechem Ado-nay Béni soit celui qui vient au nom de D.ieu "
Le père dit ensuite "
Achrei tiv'har outekarev ychkon 'hatsereikha Heureux celui que tu choisis et rapproche de toi, il demeure dans tes cours"
et l'assistance répond:
"Nisbéa betouv beiteikha kedoch heikhaleikha Nous nous réjouissons des bontés de ta maison, de la sainteté de ton palais"
On chante ensuite "Beroukhim atem, kehal emounaï"..."jusqu'à "Navi hachem".
Le Mohel fait la bénédiction "Al Hamilah" et pratique la circoncision. Entre la coupe et la déchirure de la Periah, le père prononce la bénédiction "lehakhnisso" puis "chéhé'héyanou" et l'on entonne le chant "yehi dam hanimol".
Celui qui a le verre commence "kechem chéhikhnassto ...Kel chokhen chemei erets... betokh haoélah ...
Savri maranan ... Boré péri hagefen
... Boré minei bessamim
... Acher kiddech ... yedid mibeten ... baroukh ata korett haberit
Elokenou ... kayem ett hayeled hazé le aviv ou léimo véykaré chémo bé Israël
(son nom )
Le "Beit David Oved" a écrit: "il faut faire très attention au nom de l'enfant, et ne pas lui coller un nom d'entre ces noms habituels aux non Juifs, car le nom attribué agit et cause un grand dommage, comme c'est connu. On ne doit pas faire comme ceux qui donnent à leurs enfants des noms étrangers. Il ne s'ensuivra pas une bonne descendance, et il en subira une grande punition".
Nos Sages disent également qu'en Egypte les Juifs n'avaient pas changé leurs noms, et c'est un des mérites qui leur a valu d'être délivré d'Egypte. Puisse D.ieu dans sa grande bonté nous délivrer d'une délivrance définitive!

22 Milah: Rabbi Yossef Karo a écrit (Choul'han Aroukh 261) que "si le père ne sait pas circoncire et qu'il y a sur place un Mohel qui ne veut pas circoncire gratuitement et exige un paiement, le Beth Din doit réprimander cet homme car ce n'est pas une façon de faire d'un descendant d'Avraham. Bien au contraire, les Mohalim se disputent l'honneur de pratiquer la Mitsvah". L'usage est effectivement répandu que les Mohalim circoncisent gratuitement et s'empressent de le faire. Beaucoup d'entre eux partent vers des villes où il n'y a pas de Mohalim sans se faire payer autre chose que les frais de voyage, et les plus zélés les payent de leur poche pour avoir le mérite de l'accomplissement de cette grande Mitsvah.

23 Milah: L'usage est ici répandu que la Brit Milah n'a pas lieu à la synagogue mais au domicile du Baal Brit, hiver comme été.

24 Milah: Rabbi Yossef Karo a enseigné (Choul'han Aroukh 265, 6):"Lorsqu'il est possible, la Milah se fait avec 10 personnes, et lorsque ce n'est pas possible, elle se fait sans minyan.". L'usage est ici répandu de retrouver plusieurs dizaines de personnes pour une Brit Milah. Et même s'il peut arriver que la Brit Milah tarde jusque dans l'après midi ou n'a pu se faire le huitième jour, on s'efforce de réunir 10 personnes.

25 Milah: Il est d'usage que le père du petit mette un talith (gadol) lors de la Milah. De même il revêt ses habits de Chabbat (voir le Zokher Haberit18, 15).

Note de Aharon: Les saintes coutumes de la communauté de Djerba ne reflètent pas forcément l'usage des autres communautés tunisiennes.

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